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L'Europe et la dissuasion nucléaire

01 October 1997
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Pendant la Guerre froide, le facteur nucléaire a structuré et sous-tendu les relations internationales. Il était à la base des stratégies militaires du monde occidental, déterminant toutes les fonctions de défense. Les armes nucléaires étaient considérées à la fois comme des insignes suprêmes du pouvoir politique et comme des instruments militaires indispensables. L'effondrement du Pacte de Varsovie et l'implosion de l'URSS ont radicalement changé le paysage géostratégique et, corollairement, bouleversé la perception du nucléaire. Sans menace massive, l'arme nucléaire a perdu sa fonction militaire immédiate. Face aux nouveaux défis de l'après-guerre froide, elle semble à la fois inappropriée et insuffisante. La perte de signification militaire a entrainé une réduction énorme du poids politique : aujourd'hui, une grande puissance se définit moins par son statut nucléaire que par la performance économique. En même temps, l'effondrement de l'URSS et la guerre du Golfe ont attiré l'attention internationale sur les nouveaux dangers de la prolifération. L'anarchie nucléaire menace de succéder à l'ordre nucléaire de la guerre froide. Une délégitimation progressive des armes nucléaires en est la conséquence.
C'est donc dans cette optique que nous nous proposons d'évaluer les difficultés et les perspectives d'une dissuasion européenne à court et à moyen terme. Considérant le rôle actuel du nucléaire en Europe, nous examinerons d'abord quels facteurs sont à l'origine de cette idée. Ensuite, nous étudierons la conception française d'une dissuasion concertée, ses motivations, sa teneur, et nous chercherons à savoir quelle est la démarche de la France face aux multiples réticences de ses partenaires. En conclusion, nous développons les perspectives d'une dissuasion européenne et de la proposition française en particulier.