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La gestion des crises en Afrique subsaharienne - Le rôle de l'union européenne

01 November 2004
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Le nombre croissant et la complexité grandissante des situations de crise en Afrique, ainsi qu’un intérêt moins marqué de la communauté internationale pour la région au lendemain de la guerre froide, ont conduit de nombreux États et organisations africains à prendre des initiatives pour trouver des solutions à leurs propres problèmes. Les organisations régionales et sous-régionales africaines, ainsi que leurs États membres, ont déployé des efforts considérables afin d’élaborer leurs propres mécanismes et d’adapter leurs structures pour pouvoir répondre aux situations de crise dans la région. Des faiblesses structurelles, logistiques, opérationnelles et financières, ainsi que la méfiance et le « conservatisme » politiques continuent cependant d’entraver le développement de leur capacité à faire face aux conflits dans la région.
Certains pays occidentaux, réticents à intervenir mais conscients des problèmes de l’Afrique, ont créé des programmes pour soutenir et développer les capacités africaines de prévention, de gestion et de résolution des conflits sur le continent – la France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont, dans ce domaine, mis en place d’importants programmes. Bien qu’ils varient considérablement, tous ces programmes privilégient, d’une manière ou d’une autre, une assistance en termes de formation, d’équipement ou de moyens financiers, apportée directement aux pays africains ou par le canal des organisations régionales. D’autres pays et d’autres organisations internationales ont également intégré cette dimension dans les politiques ou actions qu’ils mènent en faveur de certains pays ou régions d’Afrique. Au niveau multilatéral, des organisations comme l’UE, l’ONU, l’OSCE, la Banque mondiale et d’autres accordent de plus en plus d’attention à la paix et la stabilité en Afrique.
Le rôle de l’Union européenne constitue, à cet égard, un cas intéressant de changement de politique et de priorités. Les relations entre l’UE et les pays africains ont longtemps été placées sous le signe de l’économie et du développement. Cette dimension reste fondamentale dans les relations UE-Afrique, mais la question de la prévention des conflits a pris plus d’importance dans la politique africaine de l’UE en général depuis le début ou le milieu des années 1990. La politique actuelle de l’UE vise prioritairement à s’attaquer aux racines de l’instabilité et des conflits violents. Plus récemment, l’UE a manifesté un engagement plus résolu à appuyer les capa-cités et les efforts des organisations africaines en vue de la gestion des crises dans la région en créant une Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique, tandis que la coordination des efforts avec d’autres organisations internationales (l’ONU en particulier) et les donateurs internationaux avait pour objectif de soutenir les efforts en faveur de la paix en Afrique au niveau institutionnel et opérationnel. L’exemple le plus récent de cet engagement est le soutien de l’Union aux efforts et aux opérations de l’Union africaine au Darfour (région occidentale du Soudan). L’UE s’est en outre engagée militairement pour empêcher une escalade du conflit en République démocratique du Congo (RDC) et soutenir les efforts mener pour régler cette question. L’UE s’est également engagée militairement pour prévenir l’escalade du conflit en République démo-cratique du Congo (RDC) et soutenir les efforts pour la résolution. Au cours de l’été 2003, des troupes de l’UE (et de pays tiers) ont été déployées à Bunia (dans le district de l’Ituri, dans l’est de la RDC) dans le cadre d’une opération de gestion de crise (Artemis), menée par l’UE, placée sous mandat de l’ONU et sous commandement français. L’opération Artemis a illustré l’engagement de l’UE en Afrique et en faveur de la gestion des crises en général, de même qu’elle a fourni un exemple de la manière dont des acteurs-clés de l’UE (les institutions et les États membres) travaillaient en coordination et en coopération pour mettre l’opération sur pied. Il s’agissait également d’une bonne illustration du potentiel que représente la combinaison des différents outils dont l’UE dispose pour faire face aux situations de conflit, de la prévention à l’intervention post-conflit, ainsi que de la complémentarité entre les instruments diplomatiques, politiques, militaires, humanitaires, financiers et de développement.
L’intervention de l’UE en RDC a également suscité des préoccupations quant aux priorités générales de l’UE en matière de gestion de crises, en l’occurrence en ce qui concerne sa politique africaine. Certains y voient un recours privilégié aux instruments militaires au détriment des politiques et des instruments civils de gestion des crises et de prévention des conflits. Toutefois, pour un ensemble de raisons, notamment financières, les instruments et la politique de gestion de crise de l’UE garderont probablement avant tout une dimension civile bien que l’on s’accorde généralement à dire qu’il importe de pouvoir recourir, si nécessaire, à des moyens et des capacités militaires.