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Etats-Unis : le temps de la diplomatie transformationnelle

01 December 2006
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Les attentats du 11 septembre 2001 ont démontré de façon spectaculaire que les principaux défis de sécurité posés à l’Amérique ne venaient pas des rivalités de puissance traditionnelles mais plutôt des zones grises, en mal de souveraineté, des Etats faillis ou mal gouvernés dont s’emparent les extrémistes. L’enjeu n’est donc plus d’agir sur les relations entre Etats mais sur les Etats eux-mêmes, afin qu’ils cessent de générer du terrorisme, de la prolifération, des génocides, des guerres civiles, etc. Après le concept de « guerre globale contre la terreur », le président George W. Bush a mis en avant son « agenda de la liberté » visant à promouvoir la démocratie comme réponse aux défis de sécurité du monde, en particulier au Moyen-Orient. Mais renverser une tyrannie et tenir des élections ne suffisent pas à créer une démocratie stable et bien gouvernée et peuvent même, dans certains cas, compliquer les choses, comme l’ont montré les exemples de l’Irak, de l’Afghanistan, de l’Autorité palestinienne ou de l’Egypte de 2003 à 2005. C’est là qu’intervient la « diplomatie transformationnelle », mot d’ordre lancé par la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice au début de l’année 2006, et qui consiste à travailler avec les partenaires des Etats-Unis en vue de « construire et soutenir des États démocratiques, bien gouvernés, qui satisferont les besoins de leur population et se conduiront de façon responsable dans le système international. » Pour cela, c’est d’abord la diplomatie américaine qui doit se transformer, afin de devenir moins « analytique » et plus opérationnelle, d’agir sur les sociétés étrangères et non plus seulement sur les politiques étrangères. Ce Cahier de Chaillot s’interroge sur la portée et les limites de cette action « transformatrice » : le paradigme réaliste, celui des rivalités de puissances, est-il vraiment dépassé ? Les diplomates peuvent-ils se changer en agents de promotion de la bonne gouvernance ? Les autres pays sont-ils prêts à les accueillir, à les accepter, sans crier à l’ingérence ? La diplomatie transformationnelle peut-elle véritablement changer le monde ?