You are here

Attention, danger!

Download document

On avait accusé les électeurs du « non » d’obscurantisme. Les dirigeants font pire, aggravant par le haut la crise que les électeurs d’en bas ont ouverte au sein de l’Union. Du côté des opinions, le message dominant est que rien ne va plus. Maintenant que la mondialisation économique rompt l’habitude d’une croissance collective, les citoyens se réapproprient la chose européenne, exigent que l’on revoie la copie, demandent des comptes. Que ce qui a été accompli depuis 50 ans ait été un formidable succès, nul n’en doute. Que les mêmes logiques soient encore adaptées aux défis actuels, une majorité ne le croit plus : elle préfère la crise totale à la poursuite indéfinie du système, et là réside sans doute l’extraordinaire contagion du non tant redoutée par les responsables européens. Le gel des ratifications est à ce titre une mesure conservatoire, mais incapable à elle seule de créer des jours meilleurs. 
     Du côté des chefs d’Etat, le message est que rien ne compte plus. Ni la solidarité collective, ni le partage des sacrifices et des bénéfices, ni la crédibilité extérieure du projet européen. Historique, le sommet de juin 2005 le restera pour l’étalage des égoïsmes nationaux les plus étriqués. Etrange leçon donnée à des citoyens déjà sceptiques ! Le problème, c’est que l’on ne voit pas à qui profite le crime. Ni aux nouveaux membres, premières victimes de la panne budgétaire de l’Union ; ni au projet d’Europe politique, lequel suppose un principe de solidarité collective transcendant les nations ; ni au libre jeu du marché et du libéralisme économique, qui ont toutes les raisons de s’alarmer des relents protectionnistes désormais libérés. (...)